Kostas Kouloufakos
(Athènes, 1924-1994)
Sous l’Occupation, encore collégien, il créa un groupe de résistance avec ses camarades, mais trahi par un Anglais qu’il cachait, il fut capturé et emprisonné à la prison Avéroff en 1941. Condamné à mort par les Italiens, il fut gracié à cause de son âge et vit sa peine commuée en 30 ans de réclusion. Transféré à la prison de Bari puis en Ombrie (Italie) en 1942, il s’évada et rejoignit la Marine grecque en Égypte. Engagé à gauche, il fut détenu par les Britanniques dans les camps d’Afrique du Nord jusqu’en octobre 1945. En 1948, arrêté par la Sûreté, il fut déporté à Moudros, Makronissos (où il fut torturé, en même temps que ses deux frères) puis Aï-Stratis où il écrivit ses premiers poèmes. En 1953, pour raisons de santé (il souffrait de tuberculose), il purgea le reste de sa peine chez lui en tant que « déporté en permission ». Il fut à nouveau déporté à Yaros puis Léros de 1967 à 1970. Il fut ensuite Député européen du KKE intérieur en 1982, et signa une pétition pour la reconnaissance du vote blanc en 1986.
Critique et traducteur (Maurois, Marcuse, Hikmet…), il a aussi écrit deux recueils de poésie et quelques essais, parmi lesquels un essai sur l’abbé révolutionnaire Jean Meslier (1664-1729) qui « souhaitait que tous les grands de la Terre et tous les nobles fussent pendus et étranglés avec les boyaux des prêtres » (avec une traduction de son Testament), et, en 1959, une apologie de la liberté d’expression sous la contrainte du réalisme socialiste, écrite en réponse au procès interne que lui intenta l’EDA (coalition de gauche, noyautée par le KKE clandestin) pour avoir publié en revue une nouvelle de l’écrivain russe Daniil Granin, critiquant la bureaucratie soviétique.