1/11/2020

« Rêver par-delà nos erreurs, avec Gianni Rodari », par Youness Boussena

Télérama

L’écrivain italien Gianni Rodari (1920-1980) aurait eu 100 ans le 23 octobre. Nul doute que s’il avait été encore là, il n’aurait rien perdu de sa fraîcheur d’enfant. Car, tandis que de l’autre côté des Alpes un festival commémore cet anniversaire, Jean-Paul Manganaro vient de traduire chez Ypsilon le réjouissant Livre des erreurs de ce maître de la littérature jeunesse, qui reçut en 1970 le « petit » Nobel de littérature avec le prix Hans-Christian-Andersen. Alternant poèmes en vers et historiettes en prose, ce recueil plein d’esprit – et de belles illustrations – est un hommage à la langue autant qu’un rire malicieux sur ses facéties.

Car les erreurs de la vie ne sont pas que grammaticales : « Je ne suis qu’un idiot. Je vais chercher les erreurs dans les verbes… Mais les erreurs les plus graves sont dans les choses ! », nous dit le professeur Grammaticus, personnage récurrent qui se fait fort de redresser les torts. Page après page, Gianni Rodari s’ingénie à débusquer des brèches dans nos imaginaires et à esquisser de petites utopies, s’interrogeant ici sur la beauté du ciel au-dessus du fracas de la Terre (« Expliquez-moi donc, / en prose ou en bouts de vers, / pourquoi le ciel est un et seul / et toute en morceaux la Terre ») ou redonnant là une nouvelle morale à la morale : « J’ai vu une fourmi / en un jour triste et froid / donner à la cigale / la moitié de ses vivres. / Tout change : les nuages, / les fables et les gens… / La fourmi se fait généreuse… / C’est une vraie révolution. » Il n’y a pas d’âge pour laisser à la naïveté le pouvoir de nous faire rêver.

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