6/03/2020
« Le voyage d’un poème », par Adrien de la librairie Ombres blanches
Grâce à un poème de Wang Wei, un peintre et poète chinois ayant vécu sous la dynastie Tang, Eliot Weinberger offre une réflexion stimulante et belle sur la poésie et la traduction. Partant du texte chinois, en idéogrammes, puis de sa transcription phonétique et de sa traduction littérale, mot à mot, Eliot Weinberger nous montre de manière concise et éclairante les propriétés générales de la langue chinoise et ainsi toutes les difficultés que peut soulever sa traduction dans nos langues occidentales. Ensuite, par la présentation, mais aussi par l’examen et la discussion de nombreuses traductions qui sont autant d’interprétations et de lectures du poème de Wang Wei, Eliot Weinberger déploie et démontre presque cette définition de la poésie proposée en ouverture de son ouvrage inclassable : « La poésie est ce qui mérite d’être traduit. » Il montre ainsi ce que devient en anglais, en français, en espagnol et en allemand, ce quatrain de vingt idéogrammes et plus que millénaire qui parle de montagne vide et d’un rayon de soleil couchant sur un coin de mousse. Il montre que la poésie est perpétuelle métamorphose, incessant transport.