21/06/2018
« Croix et délice de Sandro Penna » dans la « Compagnie des auteurs », par Olivier Barbarant
Dans le cadre d’une série d’émissions sur Italo Calvino, Olivier Barbarant évoque Croix et délice de Sandro Penna à travers les mots de Natalia Ginzburg issus de son texte « Le monde poétique de Sandro Penna » paru en 1976 dans le Corriere della sera et traduit dans notre édition : « Les lieux sont toujours les mêmes, dans son monde. La taverne. La place. L’urinoir. Le cimetière. De rares trains. Le cœur demande un être humain, mais pas un seulement, les objets qui inspirent l’amour […] les sirènes des ateliers arrachent aux lèvres la main adorée, grosse, sale, sentant le fer ou les oranges mangées à la va-vite dans les matins glacials. Quand l’hiver vient, c’est l’hiver des villes du Sud, piquant mais inattendu et gracile. Les membres sont mal couverts, l’odeur des oranges rend le froid plus âpre, évitant l’été, les tavernes enfumées offrent un refuge mais aussi des clameurs et des rires […] Les instants de bonheur sont arrêtés dans un imparfait sans fin qui les remercie pour toujours. »