1/10/2024

Note de Lecture, par Marina Da Silva

Le Monde diplomatique

Publié en 1997, un an après son suicide, Nouveau Départ laissera un goût amer aux lecteurs de May Ayim. Son premier recueil de poèmes, Blues en noir et blanc, initialement paru en 1995, évoquait les morsures de son expérience d’enfant noire (son père était d’origine ghanéenne), adoptée par une famille blanche en Allemagne de l’Ouest dans les années 1960. Si la chute du Mur (1989) réunifie le pays, elle n’en finit pas avec la violence du racisme, à l’Ouest comme à l’Est. Ayim dresse un état des lieux, historique et politique, qui va considérablement influencer les études post-coloniales allemandes et la placer en première ligne des luttes féministes et antiracistes berlinoises. Son écriture comme sa prise de parole se nourrissent de ses convictions et de son expérience intime, qu’elle inscrit dans une expérience collective, et donnent à ses essais, articles et discours comme à sa poésie une force de frappe subversive et combative. Il était temps que cette poétesse hors cadre soit traduite en français, ce dont se sont chargés depuis quelques années Lucie Lamy et Jean-Philippe Rossignol. Amandine Gay clôt l’ensemble avec Ceci n’est pas une postface.

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