30/08/2016

« H. D. : Vale Ave », par Gérard-Georges Lemaire

Cahier Critique de Poésie

Hilda Doolittle (1886-1961), qui a choisi H. D. comme nom de plume (à l’instigation d’Ezra Pound, avec qui elle s’était fiancée), est certainement l’une des plus grandes poétesses américaine du XXe siècle. Elle a été l’un des membres du groupe imagiste, qui a été créé à Londres en 1910. Elle a épousé l’un de ses fondateurs, Richard Alddington en 1913. Pound a publié la première anthologie de l’imagisme en 1914. Elle a poursuivi cette expérience commune jusqu’en 1917. Le livre qui vient de paraître, Vale Ave, a été écrit plutôt au crépuscule de sa vie, lorsqu’elle était immobilisée à cause d’une fracture de la hanche à Zurich. Si l’apparence de l’ouvrage semble celui d’un recueil poétique, il faut plutôt l’envisager comme une histoire avec de très courts chapitres et une forme très elliptique. Disons que c’est là une prose poétisée. La trame est constituée par une méditation de l’amour – de l’amour dans tous ses états, charnel ou mystique, tendre ou emporté. Mais elle ne décline pas ce thème de manière systématique. En fait, ce sont ses souvenirs qui paraissent former le corps de son écriture. C’est aussi une méditation sur la figure de la femme dans la littérature, de la genèse jusqu’à Shakespeare, en passant par les Grecs anciens. C’est enfin une autobiographie bien camouflée dont elle ne tient pas à délivrer les clefs. C’est un texte d’une beauté raffinée et qui, en dépit de son mystère, est profondément émouvant.

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