Les contes du paradis
Les Contes du paradis, de Kate Steinitz et Kurt Schwitters, ont vu le jour dans le salon-cuisine-chambre-d’enfant-atelier des Schwitters, à Hanovre. Ils sont le fruit d’une étroite collaboration entre les deux artistes.
Kate Steinitz a raconté la collaboration harmonieuse qui se mit en œuvre entre Schwitters et elle-même : tandis qu’il écrivait et lisait l’histoire à haute voix, elle la dessinait elle-même au fur et à mesure, à main levée. Elle évoque son style, libéré de toute rigueur académique, qui par là même séduisait Schwitters : l’imprécision des contours, le non-respect des règles de la perspective lui permettait de rendre compte de toute la spontanéité de l’histoire >> l’histoire se passe dans un autre pays, où l’on chante le chant du fleuve Weser, où s’organisent des fêtes des chorales, où la lettre B s’associe au nom de Bismarck, et à d’autres encore, un pays qui est l’Allemagne, mais n’est pas seulement l’Allemagne, puisqu’on n’a pas encore trouvé, semble-t-il, d’oeuf de Peter Le Coq derrière aucun poêle à charbon d’Allemagne – où les poêles à charbon ont de toute façon presque tous disparu.
Une première édition se fit d’abord au sein même de la maison Merz créée par Schwitters. Puis ils créèrent une maison spécifique, baptisée APOSS, et dont le nom, acronymique, faisait lui-même programme : A pour « actif », P pour « paradoxal », OS (ohne Sentimentalität) pour « dépourvu de sentimentalité » et S pour « sensible ».