30/06/2025

Les cendres de Gramsci de Pier Paolo Pasolini, par Carlos Pardo

Le Monde diplomatique

Composé entre 1951 et 1956, publié en 1957 en Italie, ce recueil de poèmes constitue un acte de rupture dans la littérature transalpine tout en s’inscrivant dans un tournant historique du communisme. Un an auparavant, lors du XXe Congrès du PCUS, Nikita Khrouchtchev mettait fin au stalinisme avant d’écraser la révolution hongroise. Pier Paolo Pasolini (1922-1975), resté fidèle à la pensée marxiste malgré son exclusion du Parti communiste italien (PCI) en 1949, déploie ici ses critiques contre la société de consommation considérée comme un nouveau fascisme, prône la lutte des classes, célèbre vaincus et humiliés, et œuvre pour une littérature à la fois érudite et populaire. Le chant central, tissé d’une centaine de tercets, chers à Dante, convoque la figure d’Antonio Gramsci, théoricien et membre fondateur du PCI, emprisonné par le régime fasciste de 1926 à sa mort en 1937 : « En lui la grisaille du monde / La fin de la décennie où au milieu des décombres / Nous apparaît achevé le profond / Et ingénu effort de changer la vie ». Resté inédit en français, cet ensemble, présenté en édition bilingue, est traduit et postfacé par Jean-Paul Manganaro.

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