Karbid

Berlin – de la lettre peinte au caractère typographique

Traductions de Émilie Fline, Christiane Landgrebe et Tom Smith. Édition trilingue.

Avant-propos de Fred Smeijers.

octobre 2013

132 pages

Bibliothèque typographique

978-2-35654-024-9

22 × 30 cm

37 €

C’est d’abord un témoignage de l’expérience d’une créatrice de caractères et graphiste berlinoise qui se rendait fréquemment dans le quartier de Prenzlauer Berg, à l’Est de la ville. Verena Gerlach a commencé à prendre conscience de la richesse des inscriptions et des enseignes peintes, parfois très anciennes, et a entrepris de les photographier après la Chute du Mur. Aujourd’hui, il ne reste pratiquement plus rien de ce patrimoine unique, hormis le corpus que constituent ces « photo-documents » largement présentés dans cet ouvrage en regard de leur situation actuelle.

Ces lettres peintes ont suscité en grande partie la création de la famille de caractères typographiques Karbid, publiée en 1999 par FontFont et récemment revue et augmentée. C’est une synthèse contemporaine où épigraphie et typographie se rencontrent en s’appuyant sur le répertoire des lettres créées en Allemagne durant les années 1880-1930. Ce travail exemplaire est accompagné de trois essais qui apportent au lecteur des clés de compréhension du contexte esthétique et commercial allemand de cette période. Ils sont illustrés de documents publicitaires & d’extraits de traités et de manuels de peintre en lettres, rarement ou jamais reproduits depuis leur publication originale.

L’introduction de Sébastien Morlighem traite du pouvoir de l’écrit exposé dans la ville et sa pérennité fragile. La ville, plus que le livre, est le domaine de la lettre, en ceci qu’elle l’offre au regard de tous. Les enseignes, inscriptions, affiches murales qui peuplent les façades des immeubles sont autant de traces d’une mémoire quotidiennement reconduite.

Les lettres des peintres en Allemagne : histoires et formes, est le premier des deux essais écrits par Fritz Grögel pour cet ouvrage. Les modes de production et de reproduction des lettres en Allemagne de la fin du XIXe et du début du XXe siècle sont, comme dans la plupart des autres pays, la typographie, la gravure et la lithographie. Le terrain pourtant fertile de la peinture de lettres reste sous-estimé et méconnu. Grögel retisse des liens entre les techniques et les formes à travers une description precise et à l’aide de documents rares ou oubliés. Le second essai, intitulé Témoins de la vie quotidienne : portraits de la peinture en lettres berlinoise, traite plus précisément des différentes pratiques de la peinture de lettres, de ses supports et de ses styles.

Enfin, la préface, écrite par le dessinateur de caractères néerlandais Fred Smeijers, souligne l’importance de Karbid et notamment sa féconde articulation entre histoire et création typographique.

en

It stands firstly as an account of the experience of a Berlin type and graphic designer who used to visit frequently the Prenzlauer Berg area, in the East of the city. She gradually became aware of the richness of the painted signs and store names, some very old. After the Fall of the Wall, she undertook to photograph most of them. Today, nothing remains of this unique héritage, except for these ‘photo-documents’that are largely shown in this publication and compared with their current locations.
These painted letters mainly inspired the design of the Karbid typeface family, released in 1999 by FontFont et recently revised and enlarged. Karbid is a contemporary combina-tion of lettering and typography, fueled by the répertoire of letterforms created in Germany during the 1880–1930s. This exemplary body of work comes with three essays that provide the reader with crucial information on the esthetical and commercial context in Germany during this era. They are illustrated with examples coming from the advertising field, as well as excerpts of letter painting manuals, rarely (if ever) reproduced since their first publication.
Sébastien Morlighem’s introduction deals with the power of writing and its fragile permanence in the city. Even more than the book, the city is the domain of letters, as they can be seen and appreciated by everyone. All the signs, inscriptions, posters, painted murals on the façades of buildings are the marks of memory, daily renewed. The painter’s letters — On history and forms of German lettering is the first of Fritz Grögel’s essays written for this book. The methods of production and reproduction of letters in Germany between the end of the nineteenth century and the beginning of the twentieth century were, as in many countries, typography, engraving and lithography. Yet, the fertile territory of letter painting remains overlooked and little known. Grögel weaves links again between its techniques and its forms with much precision and many rare and forgotten documents. His second essay, Daily life’s witnesses — Berlin letter painting portrayed, goes even further into the manifold practices, medias and styles of letter painting.
Finally, the foreword, written by Fred Smeijers, underlines the significance of Karbid and moreover its fecund connection between type history and type design.