Pier Paolo Pasolini
Bologne, 1922 – Ostie, 1975
Pier Paolo Pasolini meurt en 1975 en laissant une œuvre hors mesure, immense par son ambition à se porter sur tout et par tous les moyens (de la peinture au cinéma en passant par toutes les formes d’écriture), par son volume (ses œuvres complètes occupent dix tomes de l’équivalent italien de la Pléiade, soit plus de 18 000 pages) et par sa puissance poétique et politique que les années qui passent ne font que confirmer. Si cette parole qui s’enracine dans les grands mythes et les cosmogonies, Marx, Gramsci et les évangiles – mais aussi dans les faits divers, les modes théoriques et les conditions politiques de son temps – a gardé malgré tout sa portée intacte, c’est que depuis les premières recherches dans une langue frioulane réinventée jusqu’au roman inachevé Petrolio (Pétrole) et aux films, Pasolini n’a jamais cessé de croire en la capacité du poème à « refaire » le monde. En France, où la figure de Pasolini cinéaste a tendance à écraser le reste de l’œuvre, sa poésie n’a longtemps été disponible que sous forme anthologique. Elle commence à recevoir depuis quelques années l’attention qu’elle mérite.