23/01/2015
L’Almanach des Dames à la librairie Ombres blanches (Toulouse)
Rencontre avec Isabella Checcaglini à l’occasion de la parution de l’Almanach des Dames, de Djuna Barnes, traduit par Michèle Causse. Soirée présentée par Katy Barasc –
Djuna Barnes (1892-1982) est une auteure rare, en tous sens du terme : on a fait porter à son œuvre le poids de la confidentialité, de l’obscurité d’une écriture qui ne se livre pas aisément. D’une certaine façon, elle est l’une des silenciées de la scène littéraire dont elle s’est absentée pendant les quarante dernières années de sa vie, sans pour autant cesser d’écrire. Les étiquettes sont tenaces, qui vouent à l’illisibilité celles qui ne pactisent pas avec le « système ». Seule, Michèle Causse a visibilisé cette « oubliée » en traduisant, après l’Almanach des Dames, deux ouvrages : Aux Abysses et Divagations malicieuses chez Ryoan-ji en 1985. Isabella Checcaglini est une éditrice rare : depuis 2007, les éditions Ypsilon œuvrent pour donner à lire, à entendre, des textes « choisis par passion, aimés par raison », et inaccessibles, pour la plupart, dans les vitrines marchandes de notre présent. Son désir de rééditer Djuna Barnes témoigne de cette exigence. Grâce à elle, la voix de Djuna Barnes nous revient, dans sa force iconoclaste, sa puissance d’invention, sa beauté. Après avoir édité en 2008 Le Livre des Répulsives, premiers poèmes de Barnes écrits en 1915 et traduits pour la première fois en français par Etienne Dobenesque, elle réédite en 2014 Ryder, premier roman, paru aux Etats-Unis en 1928, satire du patriarcat qui détourne les codes de la littérature canonique et de ses maîtres. Ypsilon nous offre aujourd’hui une magnifique édition de l’Almanach des Dames, écrit en 1928, publié alors à compte d’auteur et distribué à Paris et à New-York. « Cette mercuriale légèrement satirique ( …), mortes-eaux de la chronique proustienne, glanes des côtes de Mytilène » doit à la ténacité passionnée de Michèle Causse sa première traduction, publiée en 1983 chez Flammarion. Ypsilon réédite, dans le format et la mise-en-page de l’édition originale (accompagnée des dessins de Barnes) la traduction de Michèle Causse, et la post-face originelle, récit de sa rencontre avec Djuna Barnes en 1982 à New-York : Djuna Barnes, qui ne reçoit plus personne, lui ouvre sa porte… Moment unique du face-à-face de deux auteures qui se reconnaissent en écriture. Ypsilon nous fait donc ce cadeau : entendre cette voix ensevelie qui n’a pas fini d’insister en nous. Vendredi 23 janvier à 18h
Librairie Ombres blanches
50, rue Gambetta
31000 Toulouse